Interview réalisée par Vincent Delcorps pour Cathobel
Frédéric Rottier (Centre Avec): “RivEspérance touche des catholiques qui ne s’identifient plus avec l’institution”
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Frédéric Rottier était l’un des organisateurs de RivEspérance 2024 ©CathoBel
Par Vincent Delcorps
Publié le 05 février 2024
3 min
Enthousiasme et un peu de fatigue ce lundi, à l’heure de tirer les premiers enseignements du Forum RivEspérance, qui s’est tenu ce week-end à Liège. Le Centre Avec est très impliqué dans l’organisation de l’événement. Son directeur n’avait pas espéré un tel succès.
Peut-on dire que cette édition 2024 a été un succès?
Oui! Déjà sur le plan quantitatif: nous étions plus de 1000 [ndlr: lors de l’édition 2022 à Louvain-la-Neuve, il y avait eu environ 800 participants]. C’est un jeune dynamique, Luc Mathues, qui nous avait encouragés à venir à Liège. On ne savait pas du tout ce que cela donnerait – Liège a la réputation d’être une principauté… Au final, le public liégeois a répondu présent. Le vendredi soir et le samedi soir, il était même très majoritaire. Parallèlement, dans la journée du samedi, on a pu retrouver notre public plus habituel. Au-delà de la participation, nous avons vraiment pu creuser le thème de la spiritualité sous différents angles. On s’est rendu compte du besoin de la spiritualité, de son importance pour la santé mentale, mais aussi pour soutenir l’engagement et donner du sens. Un peu comme pour la musculation, on peut exercer sa spiritualité de diverses manières. Durant ce Forum, les participants ont pu découvrir et vivre une grande variété d’approches spirituelles…
Quels sont les moments forts que vous retenez?
J’ai déjà pu lire une bonne partie des formulaires d’évaluation des participants. Beaucoup de personnes ont été touchées par les témoins, lumineux. Tout le monde a souligné la grande qualité des intervenants, aussi bien ceux des tables rondes que les animateurs des ateliers. Le spectacle artistique du samedi soir a aussi été salué. Il y avait un conteur, des musiciens, un derviche tourneur. “C’était la suite du Petit Prince”, a écrit un des participants.
RivEspérance est un forum citoyen mais clairement catholique. Parvient-il à toucher au-delà des milieux catholiques?
Pour cette édition, nous avions spécifiquement invité l’Eglise protestante unie de Belgique (EPUB) à s’engager dans l’organisation. Un jeune pasteur bruxellois, père de quatre enfants, nous a ainsi rejoints, même s’il n’avait pas beaucoup de disponibilité. Je pense que les protestants pourraient être encore plus actifs lors d’une prochaine édition. Par ailleurs, dans le village associatif et dans les ateliers, c’était très chouette de voir qu’il n’y avait pas que des catholiques. J’aimerais mettre l’accent sur un autre aspect: RivEspérance permet de toucher des catholiques qui ne parviennent plus à s’identifier avec l’institution ecclésiale. L’Eglise n’est plus capable de parler à tous les catholiques. D’où l’importance d’un projet comme celui-ci, et d’autres…
L’un ou l’autre élément d’évaluation plus négatif?
Evidemment, il y a quelques aspects pratiques, comme la difficulté de trouver des places de parking gratuites… Plus fondamentalement, l’organisation de ce projet reste lourde. On a pu compter sur plusieurs bénévoles, et notamment des jeunes. Mais l’équipe porteuse reste petite. Le Palais des Congrès a dû sentir qu’on n’était pas des professionnels. Même s’ils ont apporté beaucoup de soin à notre projet. Au-delà, peut-être devrions-nous nous ouvrir à davantage de mouvements. Il y a certaines associations qui étaient présentes par le passé et pas cette fois-ci, comme Entraide et Fraternité. De ce point de vue, on peut sans doute mieux faire.
Pouvez-vous nous confirmer qu’il y aura une nouvelle édition du Forum? Et où celle-ci pourrait-elle se tenir?
Traditionnellement, RivEspérance se tient tous les deux ans. Donc, on se retrouvera en 2026, même si on ne sait pas encore avec qui et comment. La rencontre se tiendra-t-elle encore en février, ou plutôt au début de l’automne, comme avant? C’est à voir. Par ailleurs, on ne sait encore rien dire sur le futur lieu. Cela dépendra des opportunités… On a toujours envie de découvrir de nouveaux lieux et de nourrir ainsi des dynamiques locales – de ce point de vue, le pari est réussi pour Liège. En même temps, je ne suis pas sûr que toutes les petites villes aient la capacité suffisante pour accompagner une telle dynamique.
CATÉGORIE : EGLISE BELGIQUE
TAGS : Rivesperance