Enthousiasme et un peu de fatigue ce lundi, à l’heure de tirer les premiers enseignements du Forum RivEspérance, qui s’est tenu ce week-end à Liège. Le Centre Avec est très impliqué dans l’organisation de l’événement. Son directeur n’avait pas espéré un tel succès.
Peut-on dire que cette édition 2024 a été un succès?
Oui! Déjà sur le plan quantitatif: nous étions plus de 1000 [ndlr: lors de l’édition 2022 à Louvain-la-Neuve, il y avait eu environ 800 participants]. C’est un jeune dynamique, Luc Mathues, qui nous avait encouragés à venir à Liège. On ne savait pas du tout ce que cela donnerait – Liège a la réputation d’être une principauté… Au final, le public liégeois a répondu présent. Le vendredi soir et le samedi soir, il était même très majoritaire. Parallèlement, dans la journée du samedi, on a pu retrouver notre public plus habituel. Au-delà de la participation, nous avons vraiment pu creuser le thème de la spiritualité sous différents angles. On s’est rendu compte du besoin de la spiritualité, de son importance pour la santé mentale, mais aussi pour soutenir l’engagement et donner du sens. Un peu comme pour la musculation, on peut exercer sa spiritualité de diverses manières. Durant ce Forum, les participants ont pu découvrir et vivre une grande variété d’approches spirituelles…
Quels sont les moments forts que vous retenez?
J’ai déjà pu lire une bonne partie des formulaires d’évaluation des participants. Beaucoup de personnes ont été touchées par les témoins, lumineux. Tout le monde a souligné la grande qualité des intervenants, aussi bien ceux des tables rondes que les animateurs des ateliers. Le spectacle artistique du samedi soir a aussi été salué. Il y avait un conteur, des musiciens, un derviche tourneur. “C’était la suite du Petit Prince”, a écrit un des participants.
RivEspérance est un forum citoyen mais clairement catholique. Parvient-il à toucher au-delà des milieux catholiques?
Pour cette édition, nous avions spécifiquement invité l’Eglise protestante unie de Belgique (EPUB) à s’engager dans l’organisation. Un jeune pasteur bruxellois, père de quatre enfants, nous a ainsi rejoints, même s’il n’avait pas beaucoup de disponibilité. Je pense que les protestants pourraient être encore plus actifs lors d’une prochaine édition. Par ailleurs, dans le village associatif et dans les ateliers, c’était très chouette de voir qu’il n’y avait pas que des catholiques. J’aimerais mettre l’accent sur un autre aspect: RivEspérance permet de toucher des catholiques qui ne parviennent plus à s’identifier avec l’institution ecclésiale. L’Eglise n’est plus capable de parler à tous les catholiques. D’où l’importance d’un projet comme celui-ci, et d’autres…
L’un ou l’autre élément d’évaluation plus négatif?
Evidemment, il y a quelques aspects pratiques, comme la difficulté de trouver des places de parking gratuites… Plus fondamentalement, l’organisation de ce projet reste lourde. On a pu compter sur plusieurs bénévoles, et notamment des jeunes. Mais l’équipe porteuse reste petite. Le Palais des Congrès a dû sentir qu’on n’était pas des professionnels. Même s’ils ont apporté beaucoup de soin à notre projet. Au-delà, peut-être devrions-nous nous ouvrir à davantage de mouvements. Il y a certaines associations qui étaient présentes par le passé et pas cette fois-ci, comme Entraide et Fraternité. De ce point de vue, on peut sans doute mieux faire.
Pouvez-vous nous confirmer qu’il y aura une nouvelle édition du Forum? Et où celle-ci pourrait-elle se tenir?
Traditionnellement, RivEspérance se tient tous les deux ans. Donc, on se retrouvera en 2026, même si on ne sait pas encore avec qui et comment. La rencontre se tiendra-t-elle encore en février, ou plutôt au début de l’automne, comme avant? C’est à voir. Par ailleurs, on ne sait encore rien dire sur le futur lieu. Cela dépendra des opportunités… On a toujours envie de découvrir de nouveaux lieux et de nourrir ainsi des dynamiques locales – de ce point de vue, le pari est réussi pour Liège. En même temps, je ne suis pas sûr que toutes les petites villes aient la capacité suffisante pour accompagner une telle dynamique.
C’est ce soir et jusque samedi soir que se déroule la 6e édition du Forum RivEspérance ! A travers des tables rondes, dialogues interreligieux et autres ateliers, plus de 1000 participants tenteront, aux côtés de personnalités éminentes, de répondre à cette question : “Quelles spiritualités pour demain ?” Alors, si vous aussi vous êtes intéressé, rendez-vous Palais des Congrès à Liège pour explorer, sous toutes leurs coutures, les enjeux contemporains de la spiritualité !
La sixième édition de RivEspérance, qui aura lieu ces 2 et 3 février au Palais des Congrès de Liège, a précisément pour thème cette question “Quelles spiritualités pour demain ?”. Comme le rappelle Charles Delhez, co-organisateur et intervenant lors de ce Forum : “Entendez bien le s à la fin de chaque mot. Cette lettre est importante. Il s’agit de mettre les différentes spiritualités en dialogue, car on souffle plus fort ensemble ! Or, sans souffle intérieur, pas de monde nouveau.”
Si les chemins de la spiritualité sont nombreux, il est urgent, pour l’équipe organisatrice, qu’ils dialoguent et soufflent ensemble “pour que se lève la tempête du renouveau tant attendu”. Fidèle à son engagement et dans un esprit d’ouverture, RivEspérance cherche à donner des clés pour agir. “A l’instar des éditions précédentes, nous vous invitons à vivre des moments riches et inspirants” annoncent-ils.
Un succès qui ne se tarit pas au fur-et-à-mesure des années puisque la barre des 1000 inscrits a été franchie pour cette édition. Découvrez en bas de cet article comment en faire partie !
Table ronde ce vendredi à 20h
Ce vendredi 2 février à 20h00, une table ronde donnera la parole quatre voix spirituelles représentant quatre traditions différentes : l’islam, l’agnosticisme, le protestantisme et le catholicisme. Y participeront Rachid Benzine (islamologue et politologue), André Füzfa (mathématicien et astrophysicien agnostique), Laurence Flachon (pasteure protestante à Bruxelles) et Charles Delhez (jésuite et membre de l’équipe porteuse de RivEspérance). Sylvie Van Emelen et Rodolphe Dulait animeront la soirée.
Les moments forts du samedi :
La matinée débutera par un captivant dialogue sur l’écospiritualité, orchestré par Emeline De Bouver.
Pablo Servigne (Une autre fin du monde est possible), chercheur et défenseur de l’entraide en temps de crise, partagera ses réflexions sur l’importance de l’union des spiritualités pour construire un chemin vers la paix, entre les humains et avec le vivant.
A ses côtés, Pierre-Paul Renders, réalisateur engagé, dévoilera son parcours de conversion spirituelle et écologique à travers la série “Des Arbres qui marchent”. Ces vidéos, fruit d’une collaboration avec le Mouvement pour un Monde Meilleur, explorent les dimensions psychologiques, philosophiques et spirituelles de la crise écologique, invitant à un changement profond de perspective.
Plus loin dans la matinée, un dialogue interreligieux prendra place avec Malika Hamidi, théologienne musulmane, et Marion Muller-Colard, pasteure protestante. Une conférence animée par Vincent Delcorps. Ces deux femmes éminentes apporteront leurs perspectives uniques sur le dialogue interreligieux.
Malika Hamidi, docteure en sociologie et figure de proue du féminisme musulman, explore l’impact des politiques belges de déradicalisation. De son côté, Marion Muller-Colard, directrice des éditions Labor et Fides en Suisse, apportera dans la discussion une perspective protestante. Les deux intervenantes feront résonner leur regard féminin sur la spiritualité au sein de leurs confessions respectives, proposant une rencontre entre deux spiritualités singulières.
“Il y a une prétention à l’universalisme derrière la spiritualité”
“Je suis assez prudente avec le maniement du mot ‘spiritualité’”, nous expliquait Marion Muller-Colard dans une récente interview. “Il semble implicite que ce terme est clair pour tout le monde et pour ma part, je crois qu’il recouvre des sens bien différents en fonction des personnes et des contextes dans lesquels il est utilisé. Je crains donc souvent, quand ce terme est annoncé comme thème, que ce soit un vivier à malentendus. Il y a une prétention à l’universalisme derrière la spiritualité. Je perçois bien cette promesse d’universalisme mais elle fait toujours courir le risque de réduire la singularité de chacun.” Voilà déjà un bon avant-goût du dialogue de ce samedi.
Après-midi : ateliers, célébration eucharistique et grand spectacle “Dans la nuit étoilée”
Comme d’habitude, l’après-midi sera décliné en ateliers au format plus interactif et de co-construction.
Les ateliers constituent un moment fort démultiplié afin de permettre à un large public de s’engager dans une variété d’enjeux, rendant ainsi la réflexion la plus participative possible. L’initiative propose d’explorer divers aspects, notamment la rencontre des spiritualités dans des milieux spécifiques tels que l’école, les prisons et les hôpitaux. De plus, elle encourage l’approfondissement de l’interculturalité des spiritualités, la découverte des expressions corporelles de la spiritualité à travers des activités telles que la marche et la danse, et la sensibilisation à des points de vigilance tels que la fuite et l’emprise.
En fin d’après-midi, une célébration eucharistique, animée par Magnificat Melody, réunira ceux qui le désirent au Palais des Congrès. Fondé en 2019, ce collectif d’animation propose une expérience sonore distinctive, fusionnant guitares, pianos et voix enchanteresses pour créer une symphonie vibrante et unique.
En parallèle, des moments de réflexion et d’échanges en petits groupes seront offerts au Salon Grétry. Par la suite, des retrouvailles chaleureuses autour d’un repas convivial clôtureront cette journée enrichissante.
“Clotûreront”… ou presque ! Car il restera encore à vivre la grande soirée de clôture du Forum Rivespérance. Une soirée artistique intitulée “Dans la nuit étoilée” qui rassemblera des artistes aux horzions variés : Alix Colin (harpiste), Alperen Dikici (derviche tourneur), Damien Brassart (saxophoniste), Raphaël Dachelet (conteur) et la récente addition d’Arif Erkovan à la flûte en bambou turque.
Ces cinq artistes transcenderont les frontières à travers danses derviches, contes et musiques, créant un espace de dialogue entre humains et spiritualités. La diversité des talents sera célébrée lors de cette soirée artistique, mêlant contes, musiques et danses soufies envoûtantes. “Rejoignez-nous pour célébrer cette fusion artistique et exprimer notre gratitude envers ces cinq artistes inspirants !” invitent les organisateurs du Forum.
Horaire :
VENDREDI 2 FÉVRIER :
20h00: Rachid Benzine (islamologue et politologue), André Füzfa (mathématicien et astrophysicien, agnostique et spirituel), Laurence Flachon (pasteure protestante à Bruxelles) et Charles Delhez (jésuite et membre de l’équipe porteuse de RivEspérance)
SAMEDI 3 FÉVRIER :
8 h00-9 h00 : Petit-déjeuner OXFAM
8h30-9 h00 : prière avec le Chemin neuf.
9h15 : mot d’accueil
9h30-10h30 : Pablo Servigne (Une autre fin du monde est possible) et Pierre-Paul Renders (réalisateur de Les arbres qui marchent) ; animation Emmeline De Bouver (Moins de biens, plus de liens).
11h00 – 12h00 : Asma Lamrabet, et l’autre, chrétienne, avec la pasteure Marion Muller-Colard ; animation Vincent Delcorps (CathoBel).
12h15 : Repas sandwichs
13h45-15h15 : Première salve d’ateliers
15h45-7h15h : Sebonde salve d’ateliers
17h30 : Célébration eucharistique au Palais des Congrès
19h00 : festif : Repas
20h15-21h30 : Soirée artistique : Raphaël Dachelet (conteur), Alix Colin (harpiste), Damien Brassart (saxophoniste) et Alperen Dikici (derviche tourneur).
Peut-on encore s’inscrire ?
Oui, en ligne et sur place.
Les inscriptions peuvent toujours être effectuées sur le site web rivesperance.be. Cependant, il est essentiel de noter que les inscriptions pour les repas sont désormais closes. Les participants sont invités à apporter leur pique-nique pour le dîner. Pour le samedi, une inscription à la carte est mise en place : les inscriptions à différentes activités telles que la table ronde, les dialogues, les ateliers et le spectacle demeurent ouvertes. Comme évoqué précédemment, les billets sont également disponibles à l’achat sur place.
Trois tarifs sont proposés aux participants : le tarif de base, qui couvre les coûts liés aux intervenants, à la logistique et à la préparation, le tarif solidaire destiné aux étudiants et demandeurs d’emploi, et enfin, le tarif de soutien, une contribution permettant de soutenir l’événement et d’offrir la possibilité à un public moins aisé de participer. Les participants sont invités à choisir leur tarif en fonction de leurs moyens et de leur volonté de soutenir l’événement.
RivEspérance en quelques mots :
RivEspérance, un forum citoyen bisannuel (le décalage est dû à la pandémie) lancé par une petite équipe en 2011. Objectif : donner un souffle nouveau d’espérance à la société. Pendant 24 heures, du vendredi soir au samedi soir, des femmes, des hommes, des jeunes et même des enfants de tous bords se croisent, réfléchissent ensemble aux défis de notre monde en pleine mutation. 2016 a rassemblé 2000 personnes.
Les thèmes successifs furent : 2012 : L’espérance, une passion pour le possible ; 2014 : Le dialogue interconvictionnel ; 2016 : Habiter notre maison commune (écologie) ; 2018 : Quelles familles pour demain ? 2021 : Transition, des idées aux actes. 2024 : Quelles spiritualités pour demain ? Sens et engagement.
Chaque année, un grand nom assure la conférence d’ouverture : Olivier Le Gendre (2012) ; Daniel Marguerat (2014) ; Frédéric Lenoir (2016) ; Anne-Dauphine Julliand, Deux petits pas sur la sable mouillé (2018) ; Gauthier Chapelle (2021). Une table ronde pluriconvictionnelle ouvrira la 6e édition (2-3 février 2024).
Le 1er février 2024, l’invitée de Jean-Bosco d’Otreppe dans La Libre était la sociologue et féministe musulmane Malika Hamidi. Lors de la 6e édition du forum RivEspérance qui se déroulait à Liège, elle s’est exprimée sur la place de la spiritualité au féminin dans l’Islam.
